quatorze performances durant les nocturnes du lundi
L’œuvre littéraire de Gertrude Stein est polymorphe et d’un volume impressionnant. « Toute une vie d’écriture » selon les mots de Claude Grimal, spécialiste et traductrice de Stein, qui lui a consacré plusieurs ouvrages. L’écrivaine s’est essayée à tous les genres littéraires : poésie, romans, pièces de théâtre, livrets d'opéra, essais, autobiographies, récits. Son écriture a évolué au fil du temps, abandonnant l’approche traditionnelle signifiant/signifié pour une écriture cubiste rythmique et sonore. La poète qui revendiquait être le « Picasso de la littérature », en faisant parler sa compagne pour se raconter à travers elle dans The Autobiography of Alice B. Toklas, permettra à Pablo Picasso de se nourrir de ses idées, et s’inspirera en retour de la créativité du peintre dans ses écrits.
Metteur en scène des œuvres de Brecht, Bond ou Tchekhov, Ludovic Lagarde a voulu faire du théâtre pour « apprendre à lire les textes littéraires ». Comme d’autres artistes tels que Robert Wilson, Heiner Goebbels, ou la chorégraphe Anne Teresa de Keersmaker, il a une grande admiration pour l’écriture de Stein, qu’il découvre au début des années 2000 grâce à son complice, l’auteur Olivier Cadiot.
Pour l’exposition « Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage », Ludovic Lagarde a conçu un programme de lectures et performances pour faire entendre l’œuvre littéraire de Gertrude Stein.
À l’occasion des nocturnes du lundi, pendant toute la durée de l’exposition (hors vacances scolaires, et 2 octobre), une performance a lieu en soirée dans la salle Tivoli adjacente aux espaces d’exposition du Musée du Luxembourg, à la scénographie intimiste dans l’esprit d’un salon indien (tapis au sol pour l’auditoire, éclairage tamisé, coin salon pour les lectures et performances).
Entrée gratuite avec le billet de l’exposition, dans la limite des places disponibles. Le programme détaillé
(disponible sur le site museeduluxembourg.fr)
Lectures en Amérique, à 19h
18 septembre avec Daphné Biiga Nwanak puis 25 septembre avec Christèle Tual,
9 octobre avec Valérie Dashwood puis 16 octobre avec Christèle Tual,
6 novembre avec Léa Luce puis 20 novembre avec Daphné Biiga Nwanak,
4 et 11 décembre avec Dominique Reymond puis 18 décembre avec Valérie Dashwood,
8 janvier avec Léa Luce
Soirée Fairy Queen, d’Olivier Cadiot, à 20h
lundi 27 novembre
Carte blanche à Yves-Noël Genod, à 20h
lundi 13 novembre, 15 et 22 janvier
Ludovic Lagarde et Gertrude Stein
Il crée pour l’édition 2004 du festival d’Avignon deux spectacles : Fairy Queen, texte d’Olivier Cadiot inspiré de l’univers de l’artiste américaine, et Oui dit le très jeune homme, avant-dernière pièce de Gertrude Stein. Oui dit le très jeune homme est un texte de Gertrude Stein inspiré de son expérience singulière de la Seconde Guerre mondiale. Elle réside pendant cette période à la campagne, dans un village savoyard, entourée de sa compagne et éditrice Alice B. Toklas. Juive non exilée – et non déportée –, elle n’a cessé de prendre des notes sur la honte de la défaite, les dérives pétainistes et collaborationnistes, les engagements résistants, les errements et hésitations de la population.
En 2010, Ludovic Lagarde réalise une création radiophonique pour France Culture à partir de textes de Gertrude Stein, d’extraits de Doctor Faustus lights the lights, Oui dit le très jeune homme, To be sung, l’Autobiographie d’Alice Toklas, avec les comédiennes Valérie Dashwood, Constance Larrieu, Christèle Tual et Camille Panonacle, et les musiques de Rodolphe Burger, John Cage et Pascal Dusapin.
En 2011, il met en scène au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris Docteur Faustus lights the light, texte
de Gertrude Stein dans une adaptation d’Olivier Cadiot, et une création musicale de Rodolphe Burger.
Actualités
Il prépare actuellement l’adaptation pour la scène du dernier ouvrage d’Olivier Cadiot, Médecine générale, qui sera présenté du 27 septembre au 6 octobre à la MC93 de Bobigny.
Lectures en Amérique
Lectures en Amérique (publié en 1935) regroupe des textes que Gertrude Stein a écrits à différentes périodes de sa vie et qui sont pour la plupart des conférences ou de courts écrits didactiques portant sur des sujets chers à Stein : la prose, la peinture, le théâtre, le roman, la poésie … Dans ces textes, Gertrude Stein illustre son propos de courts extraits de ses poèmes, romans et pièces.
Ludovic Lagarde a tenu à rassembler des femmes pour lire cet ouvrage traduit en français à la fin des années 1970. Il a dirigé cinq comédiennes complices, de générations différentes. Daphné Biiga Nwanak, Léa Luce Busato, Valérie Dashwood, Dominique Reymond, Christelle Tual prennent chacune en charge une des thématiques abordées dans Lectures en Amérique.
Chaque lecture jouée par une comédienne dure entre 30 et 40 minutes au cours d’une nocturne du lundi, à 19h.
Carte blanche à Yves-Noël Genod
Metteur en scène, acteur, chorégraphe, performeur et auteur, Yves-Noël Genod travaille d’abord avec Claude Régy et François Tanguy. À partir de la pratique du contact improvisation, il entre dans le champs de la danse et collabore avec le chorégraphe Loïc Touzé.
En 2003, celui-ci lui propose à l’occasion d’une carte blanche au Lieu Unique de Nantes, de fabriquer son premier spectacle. Intitulé En attendant Genod, il s’appuie sur le modèle des stand-up anglo-saxons. Les commandes s’enchaînent ensuite : spectacles – près d’une centaine à ce jour – et performances, présentés le plus souvent dans des festivals, lieux de danse ou de formes hybrides.
« Un théâtre dont on aurait enlevé le drame, l’action, et dont il ne resterait que la poésie, le fantôme, la trace. Icône des marges, génie de l’incongru, Yves-Noël Genod a travaillé avec de nombreux interprètes qu’on retrouve désormais sur les plus grandes scènes ; on peut dire dans ce sens qu’il a marqué une génération. »
Yves-Noël Genod souhaite s’emparer de l’Autobiographie d’Alice Toklas le livre qui apporta un succès inattendu et tardif à Stein. Écrit en six semaines au cours de l’automne 1932, « par plaisanterie, pour s’amuser » dira t-elle, elle invente avec l’Autobiographie d’Alice Toklas un dispositif inédit pour écrire ses mémoires : elle se fait décrire par Alice Toklas, sa compagne qui partagea toute sa vie. Se dévoile ainsi, à travers de vifs et volubiles échanges, les débuts de son salon artistique à Paris et ses rencontres avec les avant-gardes qu’elle a contribué à faire découvrir, à commencer par Picasso et les peintres cubistes. Un livre savoureux sur cette époque effervescente et fondatrice du Paris des années 1900-1920 alors en pleine mutation intellectuelle.
Soirée Fairy Queen d’Olivier Cadiot
Texte d’Olivier Cadiot
Mise en lecture Ludovic Lagarde
Avec Valérie Dashwood, Philippe Duquesne et Laurent Poitrenaux
« Une fée post-moderne, électrisée à l’idée de rencontrer la grande prêtresse américaine de la vie littéraire et parisienne d’avant-guerre, est invitée à déjeuner chez Gertrude Stein. Ressuscitée pour l’occasion dans son célèbre appartement de la rue de Fleurus, la papesse du “cubisme littéraire” y fait et défait les réputations de ses invités. Pour une jeune artiste survoltée, c’est le passage obligé, mais aussi le risque de terminer dans le salon des Refusés. Survitaminée dans sa combinaison noire à pois bleus, cette fée clochette azimutée a concocté une “performance maison” sur l’amour, “peu banale et non-sentimentale”. Délurée, tranchante et gratinée, la patronnesse Gertrude Stein la cuisine en débitant des phrases toutes faites sur les airs d’un livre de recettes, alors que sa secrétaire Alice B. Toklas ne manque aucune occasion de toiser la prétendante. Mais voici la fée lancée comme une fusée : dans une virevoltante et désopilante envolée, elle fait valser l’art
poétique “comme un bouchon de radiateur”, invente en direct le “neuron’art”, parle à la vitesse du son et de la lumière. Le personnage magique de cette “reine des fées” fait passer le texte d’Olivier Cadiot à un certain régime : celui d’un moteur à réaction et à accélérations brutales. C’est aussi l’histoire d’une femme du XXIe siècle qui va chercher dans le XXe une réponse à ses questions. Un voyage dans le temps, l’exploration d’une île mystérieuse, celle de nos pensées. »
Fairy Queen, d’Olivier Cadiot a été mis en scène par Ludovic Lagarde pour le Festival d’Avignon 2004. A l’occasion du cycle de performances autour de Gertrude Stein, le metteur en scène rassemble de nouveau les trois protagonistes de 2004, Valérie Dashwood, Philippe Duquesne, Laurent Poitrenaux, pour faire revivre le salon de Gertrude Stein en lecture.