Nouveau Grand Palais

Le 12 mars 2021, le Grand Palais a été entièrement fermé et entré dans une phase de travaux qui durera jusqu’aux Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024 pour la Nef et les galeries attenantes, et jusqu’au printemps 2025 pour le reste du monument.
 
Érigé par la République pour l’Exposition universelle de 1900, le Grand Palais est devenu en un siècle un site incontournable du patrimoine et de la culture en France, miroir des évolutions et des innovations de son temps. Son implantation en plein coeur de Paris, son architecture mêlant classicisme et modernité, ses dimensions exceptionnelles (72 000 m2) et ses volumes remarquables (la plus grande Nef d’Europe, 13 500 m2 de surface couronnés par une verrière de 17 500 m2, le Salon d’Honneur, les Galeries Nationales, le Palais d’Antin qui héberge depuis 1937 le Palais de la découverte...) en font un site culturel et patrimonial à part.
 
Un siècle après sa création, le Grand Palais est entré depuis 2021 dans une nouvelle phase de son histoire grâce à de grands travaux de restauration et d’aménagement.
 
un monument souffrant de nombreux désordres structurels

Le monument de 1900 n’avait jamais é té rénové, à l’exception de la Nef au début des années 2000 (rénovation de la verrière, consolidation des fondations), de la Galerie Sud-Est en 2011, du Salon d’Honneur en 2012, des couvertures et de la Rotonde du Palais de la découverte en 2017. Morcelé, cloisonné et entresolé au cours de son histoire, un moment promis à la démolition, le Grand Palais n’a pas fait l’objet au cours du XXe siècle de l’attention que sa grandeur et sa contribution à l’histoire de l’architecture universelle eussent méritées. Le monument en tant que tel n’était plus perceptible par les visiteurs. Ses murs avaient été dissimulés derrière des cimaises, ses verrières obscurcies pour obéir à des impératifs muséographiques. Les visiteurs des galeries d’exposition étaient bien en peine de savoir quels espaces ils traversaient et où ils se situaient à l’intérieur du Grand Palais. Sa rénovation d’ensemble a é té périodiquement envisagée mais toujours reportée. Pour ces raisons, le monument s’est finalement retrouvé affecté de graves désordres techniques. De larges surfaces étaient délaissées et inexploitées, de nombreux espaces fermés au public faute de conformité aux normes de sécurité.
 
Le bâtiment était par ailleurs très sous-équipé sur le plan technique et logistique, ce qui compliquait son exploitation. Ses conditions d’accessibilité au public étaient loin des exigences du temps présent. Ses galeries d’exposition, à la pointe de la modernité muséale quand elles ouvrirent en 1966 sur une décision d’André Malraux et sous l’égide de l’architecte des bâtiments civils et palais nationaux Pierre Vivien (1909 – 1999), demandent aujourd’hui à être revues pour être mises aux standards internationaux.
 
Enfin, le monument a vu ses abords délaissés au fil du temps et son insertion dans un ensemble historique et urbanistique le reliant aux Champs-Elysées, au Petit Palais et à la Seine, a é té perdue de vue.
 
La Réunion des musées nationaux - Grand Palais et François Chatillon, architecte en chef des Monuments historiques, en collaboration avec Universcience, ont pris le parti de retrouver, autant que possible, les volumes et les perspectives du Grand Palais de la Belle Époque.
 
« Tout le monde connaît le Grand Palais... pourtant le Grand Palais recèle de nombreux espaces extraordinaires inconnus, cachés depuis des décennies sous les modifications successives. Révéler cet édifice fantastique, lui redonner toute sa puissance au milieu d’un vaste jardin renouvelé au coeur de Paris résonne avec les
préoccupations de notre société contemporaine : générosité des espaces, abondance de lumière naturelle, possibilités multiples d’usages, redécouverte des jardins urbains. L’ambition de renouveler le Grand Palais par une restauration critique de l’oeuvre collective initiale de Henri Deglane, Louis-Albert Louvet, Albert Thomas, Charles Giraud, puis des modifications apportées dans les années 1960 par Pierre Vivien, est une approche d’une « nouvelle modernité » architecturale qui réfute le principe de rupture en lui opposant celui de la continuité historique. »
François Chatillon

les grands principes de cette restauration sont les suivants : 

redécouvrir la spatialité, les circulations et la lumière d’origine 

En poursuivant la réflexion menée sur la lumière naturelle et sa circulation par les architectes du Grand Palais (Henri Deglane, Louis-Albert Louvet, Albert Thomas et Charles Giraud) et en s’appuyant sur des milliers de plans et documents d’archives, François Chatillon souhaite recréer l’unité et la cohérence du Grand Palais
des origines.
La circulation des publics sera totalement renouvelée, de nombreuses ouvertures sont créées ou retrouvées au sein du bâtiment. Ces modifications permettront aux visiteurs de mieux comprendre le monument et l’articulation des espaces.
Afin de restituer la lumière d’origine, les toitures ont été intégralement restaurées, et notamment les nombreuses verrières qui les composent. Après les travaux portant sur la verrière de la Nef au début des années 2000, puis la restauration de celle de la Rotonde du Palais de la découverte en 2016, l’ensemble des toitures du monument est aujourd’hui revu. Les verrières des 6 galeries attenantes à la Nef, ainsi que les 2 qui recouvrent le bâtiment intermédiaire et celles du Palais de la découverte sont restaurées. Ces travaux d’ampleur avaient débuté de manière anticipée dès 2019 et se poursuivront jusqu’en 2024.
L’ancien verre armé des toitures est remplacé par un double vitrage avec argon. Cette lame d’air présente entre les deux feuilles de verre garantie de meilleures propriétés isolantes. Invisible et efficace, le verre restitue l’aspect de la verrière historique tout en assurant des performances énergétiques contemporaines.
 
Les cloisons qui avaient été dressées, les verrières peintes en noir, avaient cassé les perspectives Nord-Sud et Est-Ouest et mis fin à l’étonnant effet de transparence qui avait habité le lieu. Les enjeux de l’époque actuelle sont bien évidemment intégrés par le Nouveau Grand Palais. Partant de la dimension patrimoniale et républicaine du monument, il importe, indépendamment du circuit des expositions, d’ouvrir certains espaces gratuitement à tous en créant une véritable promenade intérieure, partant du square Jean Perrin jusqu’à la Seine, en passant par la Place Centrale, reliant le Palais d’Antin (Palais de la découverte) et la Nef, pour aboutir au Salon Seine, espace entièrement dévoilé par la restauration. La quête de l’unité passe aussi par un geste fort, celui d’espaces publics communs, au Grand Palais et au Palais de la découverte, de l’entrée en passant par le hall et jusqu’au Salon Seine. Désormais, d’un seul regard le visiteur pourra s’aventurer du centre de la Nef jusqu’à la Rotonde du Palais de la découverte ou du Hall d’accueil au Salon Seine.

conserver et valoriser les apports de Pierre Vivien

Le projet ne consiste pas à exhumer l’état 1900 qui, de toute façon, n’aurait pas répondu aux normes muséographiques actuelles et qui avait été fortement endommagé par l’incendie du 23 août 1944, durant la Libération de Paris. L’architecture conçue par Pierre Vivien, à la demande d’André Malraux, pour l’installation des Galeries Nationales du Grand Palais, ne sera pas détruite. Au contraire, en raison de son intelligence des espaces d’origine et de son élégance, elle sera conservée et mise en avant. Participant de l’histoire du bâtiment, les « aménagements Vivien » y ont toute leur place. Il s’agit d’une « restauration critique » du monument, partant du principe que la vie d’un monument réside à la fois dans le passé, le présent et l’avenir et non dans un état arbitrairement figé.

restaurer le monument historique

La très riche ornementation du Grand Palais et notamment sa statuaire et ses mosaïques sont très dégradées. La statuaire extérieure avait d’ailleurs dû faire l’objet en 2018 d’une opération intégrale de mise sous filet afin de prévenir le risque de chute de pierres. Les travaux du Grand Palais sont l’occasion d’effectuer une restauration complète de l’ensemble de ces décors. Ainsi, de nombreux compagnons, restaurateurs et artisans d’art oeuvrent à la restauration de ce patrimoine historique. En s’appuyant sur les techniques et matériaux utilisés en 1900, les mosaïques, verres, peintures et sculptures retrouvent leur éclat d’origine. Le chantier du Nouveau Grand Palais permet une valorisation de ces savoir-faire d’exception. 

permettre au monument de répondre aux exigences de son temps

Un travail essentiel de remise aux normes et d’accessibilité est effectué, des améliorations techniques majeures sont apportées : thermie et jauge de la Nef, équipement des galeries, accès logistique et création de nouveaux espaces techniques. Les conditions d’exploitation du monument seront nettement améliorées, tant pour les événements accueillis dans la Nef et les galeries, que les expositions. La restauration de la Nef et de ses balcons, permettra d’augmenter sa jauge de plus de 60% (de 5 600 à 9 000 personnes). Les structures métalliques de l’ensemble du bâtiment sont recouvertes d’une couche de peinture intumescente, puis d’une peinture de finition. Ce revêtement permet de ralentir les risques d’échauffement de l’acier en cas d’incendie. De plus, une trentaine d’ascenceurs et huit monte-charges, ainsi que des plateformes élévatrices permettent désormais de desservir l’ensemble des niveaux. 

projeter le Grand Palais et le Palais de la découverte dans le futur

L’expérience du public sera entièrement renouvelée : il pourra accéder par une entrée commune à l’ensemble des offres culturelles proposées par la Rmn – Grand Palais et par Universcience, circuler librement dans les très vastes espaces publics traversant tout le bâtiment, qui seront pensés comme des lieux de vie et percevoir de l’intérieur l’architecture du monument ; le Grand Palais et le Palais de la découverte pourront déployer dans cette nouvelle spatialité des muséographies ainsi que des projets artistiques, scientifiques et culturels repensés, avec des offres communes dont une Galerie des Enfants qui proposera aux plus jeunes un regard mêlant l’art et la science pour appréhender les grands questionnements de notre temps.